Lorsque vous décidez de vous lancer dans l'entrepreneuriat, choisir le bon statut juridique est l'une des premières étapes cruciales. En France, plusieurs structures s'offrent à vous : EURL, SASU, SARL... Mais pour démarrer rapidement et simplement, la micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) reste le choix privilégié de nombreux créateurs.
Plus accessible et moins coûteuse à créer qu'une société, la micro-entreprise séduit particulièrement les nouveaux entrepreneurs grâce à ses démarches simplifiées et son régime fiscal avantageux. Que vous souhaitiez tester une idée, lancer une activité de freelance ou créer un complément de revenus, ce régime offre une solution clé en main.
Qu'est-ce qu'une micro-entreprise ?
Une micro-entreprise est un régime fiscal et social simplifié destiné aux entrepreneurs individuels. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n'est pas un statut juridique à part entière, mais bien un régime applicable à l'entreprise individuelle.
Concrètement, vous exercez votre activité en nom propre, sans créer de personne morale distincte. Il n'y a donc aucune séparation juridique entre vous et votre entreprise sur le plan civil, même si depuis 2022, vos patrimoines personnel et professionnel sont automatiquement séparés pour vous protéger en cas de difficultés financières.
Ce régime peut s'appliquer à trois types de structures :
- Les entreprises individuelles classiques
- Les EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée) n'ayant pas opté pour l'impôt sur les sociétés
- Les EURL dont l'associé unique est une personne physique qui exerce également les fonctions de gérant
Quelle est la différence entre micro-entrepreneur et auto-entrepreneur ?
Aucune ! Depuis le 1er janvier 2016, les deux termes désignent exactement la même chose. L'auto-entreprise a fusionné avec le régime de la micro-entreprise. On utilise désormais indifféremment "micro-entrepreneur" ou "auto-entrepreneur" pour parler de la même réalité : un entrepreneur individuel bénéficiant du régime micro-fiscal et micro-social.
Comment fonctionne la fiscalité d'une micro-entreprise ?
Le régime fiscal de la micro-entreprise repose sur un principe de simplicité. Vos revenus professionnels sont imposés à l'impôt sur le revenu selon le régime micro-fiscal (micro-BIC pour les activités commerciales et artisanales, micro-BNC pour les activités libérales).
Concrètement, l'administration fiscale applique un abattement forfaitaire sur votre chiffre d'affaires pour calculer votre bénéfice imposable. Cet abattement est censé représenter vos charges professionnelles :
- 71 % pour les activités d'achat-revente de marchandises
- 50 % pour les prestations de services commerciales ou artisanales
- 34 % pour les activités libérales et prestations de services BNC
Le montant restant après abattement est ajouté à vos autres revenus et soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu.
Le versement libératoire de l'impôt
Si votre revenu fiscal de référence ne dépasse pas certains seuils, vous pouvez opter pour le versement libératoire. Dans ce cas, vous payez votre impôt sur le revenu en même temps que vos cotisations sociales, sous forme de pourcentage de votre chiffre d'affaires :
- 1 % pour les activités de vente
- 1,7 % pour les prestations de services BIC
- 2,2 % pour les activités libérales BNC
Ce système vous permet de connaître immédiatement le montant de votre impôt et d'éviter les mauvaises surprises fiscales.
Cotisations sociales en micro-entreprise : comment ça marche ?
Le régime micro-social est l'un des grands avantages de la micro-entreprise. Vos cotisations sociales sont calculées directement sur votre chiffre d'affaires encaissé, selon des taux fixes :
- 12,3 % pour la vente de marchandises
- 21,2 % pour les prestations de services commerciales ou artisanales
- 6 % pour la location de meublés de tourisme classés
- 23,2 % pour les professions libérales relevant de la CIPAV
- 24,6 % (puis 25,6 % en 2026) pour les professions libérales non réglementées
Point crucial : si vous ne réalisez aucun chiffre d'affaires un mois donné, vous ne payez aucune cotisation sociale. Il n'existe pas de cotisations minimales obligatoires, contrairement au régime classique des travailleurs non-salariés. Vous pouvez toutefois choisir volontairement de payer des cotisations minimales pour maintenir vos droits sociaux.
Vous devez déclarer votre chiffre d'affaires mensuellement ou trimestriellement sur le site de l'URSSAF, même en cas de chiffre d'affaires nul.
Quels sont les seuils à respecter ?
Pour bénéficier du régime de la micro-entreprise, votre chiffre d'affaires annuel ne doit pas dépasser certains plafonds :
- 188 700 € pour les activités de vente de marchandises, fourniture de denrées et de logements (hors meublés de tourisme non classés)
- 15 000 € pour la location de meublés de tourisme non classés
- 77 700 € pour les prestations de services commerciales, artisanales et libérales
En cas d'activité mixte (vente + services), votre chiffre d'affaires total ne doit pas dépasser 188 700 €, dont maximum 77 700 € pour la partie prestations de services.
Si vous dépassez ces seuils deux années consécutives, vous basculez automatiquement vers le régime réel d'imposition.
Quels sont les avantages de la micro-entreprise ?
Simplicité administrative
La micro-entreprise brille par sa simplicité. Pas besoin de tenir une comptabilité complexe : un simple livre des recettes suffit (et un registre des achats pour certaines activités). Vous n'avez pas à établir de comptes annuels, ni à faire appel à un expert-comptable si vous ne le souhaitez pas.
Création rapide et gratuite
L'immatriculation d'une micro-entreprise se fait gratuitement en ligne sur le guichet unique des formalités des entreprises. Contrairement à la création d'une société, vous n'avez pas à :
- Rédiger des statuts
- Constituer un capital social
- Publier une annonce légale
- Payer des frais de greffe importants
Franchise de TVA
Jusqu'à 91 900 € de chiffre d'affaires pour les activités commerciales et 36 800 € pour les prestations de services, vous êtes exonéré de TVA. Vous ne la facturez pas à vos clients et ne la déclarez pas à l'administration. Votre gestion en est grandement simplifiée.
Charges proportionnelles au chiffre d'affaires
Vos cotisations sociales sont directement proportionnelles à vos revenus. Pas de chiffre d'affaires ? Pas de cotisations. Cette flexibilité est idéale pour tester une activité ou gérer les périodes creuses sans craindre des charges fixes importantes.
Maîtrise totale de votre activité
En tant que micro-entrepreneur, vous prenez toutes les décisions concernant votre activité sans avoir à consulter d'associés ou à respecter les contraintes d'une gouvernance d'entreprise.
Quels sont les inconvénients de la micro-entreprise ?
Responsabilité personnelle
Même si vos patrimoines personnel et professionnel sont séparés depuis 2022, vous restez personnellement responsable des dettes de votre activité professionnelle. En cas de manquement fiscal ou social, l'administration peut se retourner contre vos biens personnels.
Plafonds de chiffre d'affaires limitants
Les seuils de 77 700 € ou 188 700 € peuvent rapidement devenir contraignants si votre activité se développe. Vous devrez alors basculer vers un autre régime fiscal, avec plus de complexité administrative.
Pas de déduction des charges réelles
L'abattement forfaitaire peut être désavantageux si vos charges réelles sont importantes. Si vous investissez beaucoup dans du matériel, louez un local, ou effectuez de nombreux déplacements, vous ne pourrez pas déduire ces dépenses de votre revenu imposable.
Impossibilité de déduire un déficit
Si votre activité génère une perte, vous ne pourrez pas la déduire fiscalement, contrairement aux entreprises soumises au régime réel.
Difficulté à lever des fonds
Impossible d'ouvrir votre capital à des investisseurs ou de vendre des parts sociales. Si vous avez besoin de financement externe important, la micro-entreprise n'est pas adaptée.
Crédibilité commerciale limitée
Certains clients professionnels, notamment les grandes entreprises, préfèrent travailler avec des sociétés plutôt qu'avec des micro-entrepreneurs, perçus comme moins structurés.
Quand passer de micro-entreprise à EURL ou SASU ?
À mesure que votre activité se développe, vous pourriez envisager de créer une société. Voici quelques signaux qui indiquent qu'il est temps de franchir le cap :
Vous approchez des plafonds de chiffre d'affaires
Si vous frôlez régulièrement les 77 700 € ou 188 700 €, mieux vaut anticiper et créer une société pour continuer à vous développer sereinement.
Vos charges réelles sont importantes
Si vous investissez massivement dans du matériel, des locaux, ou si vos frais professionnels sont élevés, une société avec comptabilité réelle vous permettra de déduire l'intégralité de ces charges.
Vous souhaitez vous associer
La micro-entreprise est par définition une activité individuelle. Si vous voulez vous associer avec d'autres personnes, vous devrez créer une société (SARL, SAS, etc.).
Vous avez besoin de financement externe
Pour lever des fonds auprès d'investisseurs ou intégrer de nouveaux associés au capital, une structure sociétale (notamment la SASU ou SAS) est indispensable.
Vous cherchez à optimiser votre protection sociale
Passer en SASU vous permet de devenir assimilé-salarié et de bénéficier du régime général de la Sécurité sociale, souvent plus protecteur que le régime des travailleurs indépendants.
La micro-entreprise est-elle faite pour vous ?
Avant de vous lancer, posez-vous ces questions essentielles :
- Quel est mon niveau de risque ? Si votre activité présente des risques importants (manipulation de matériel dangereux, conseil dans des domaines sensibles), une structure limitant votre responsabilité comme l'EURL ou la SASU peut être préférable.
- Quels sont mes investissements de départ ? Si vous devez louer un local, acheter du stock important ou investir dans du matériel coûteux, le régime réel d'une société sera plus avantageux fiscalement.
- Mon activité va-t-elle générer rapidement un chiffre d'affaires important ? Si oui, vous risquez de dépasser les plafonds rapidement et devrez changer de structure. Autant anticiper dès le départ.
- Ai-je besoin d'associés ou d'investisseurs ? La micro-entreprise exclut tout partenariat capitalistique. Si vous envisagez de vous associer, partez directement sur une société.
- Quelle image je veux donner ? Certains secteurs valorisent davantage les sociétés que les micro-entreprises. Réfléchissez à la perception de vos clients potentiels.
- Suis-je prêt à gérer la complexité administrative d'une société ? Si vous privilégiez la simplicité et que votre projet s'y prête, la micro-entreprise est idéale. Si vous acceptez plus de contraintes pour plus de flexibilité future, une société peut être préférable.
Exemples de micro-entreprises à succès
La micro-entreprise convient particulièrement bien à certains types d'activités :
Prestations de services digitales
Un développeur web freelance, un graphiste, un rédacteur web ou un community manager peuvent parfaitement démarrer en micro-entreprise. Les charges sont faibles (ordinateur, abonnements logiciels) et le chiffre d'affaires peut rester sous les plafonds pendant plusieurs années.
Activités de conseil
Les consultants en stratégie, marketing, ressources humaines ou communication exercent souvent en micro-entreprise, du moins au début de leur activité. Peu d'investissements nécessaires, des prestations à forte valeur ajoutée.
Artisanat à domicile
Une couturière, un bijoutier artisanal, un ébéniste qui débute peuvent bénéficier de ce régime simplifié pour tester leur marché avant d'investir dans un atelier et une structure plus complexe.
E-commerce de niche
Vendre des produits artisanaux, du dropshipping ou des créations personnalisées sur une boutique Shopify peut se faire en micro-entreprise, tant que le volume de ventes reste sous les plafonds.
Coaching et formation
Les coachs sportifs, coachs de vie, formateurs indépendants apprécient la souplesse de la micro-entreprise pour démarrer leur activité sans lourdeur administrative.
FAQ : Questions fréquentes sur la micro-entreprise
Vaut-il mieux créer une micro-entreprise ou une EURL ?
La micro-entreprise est plus simple et moins coûteuse à gérer, mais présente des limitations en termes de plafonds de chiffre d'affaires et de déduction de charges. L'EURL offre plus de flexibilité pour se développer mais implique une comptabilité complète et des coûts de gestion plus élevés.
Comment se protéger en tant que micro-entrepreneur ?
Bien que les patrimoines personnel et professionnel soient séparés depuis 2022, souscrivez une assurance responsabilité civile professionnelle et maintenez un compte bancaire dédié à votre activité pour mieux vous protéger.
Quels impôts et cotisations paie un micro-entrepreneur ?
Un micro-entrepreneur paie des cotisations sociales de 12,3 % à 25,6 % de son chiffre d'affaires selon l'activité, plus l'impôt sur le revenu calculé après abattement forfaitaire. Il bénéficie de la franchise de TVA jusqu'à certains seuils.
Peut-on être salarié et micro-entrepreneur en même temps ?
Oui, c'est possible. Vérifiez simplement que votre contrat de travail ne contient pas de clause d'exclusivité ou de non-concurrence. Vous devrez déclarer et payer des cotisations sur vos deux activités séparément.





