EURL vs SASU : quel statut choisir pour créer votre entreprise ?

Créer son entreprise peut être une étape passionnante, mais le choix du statut juridique peut vite devenir un casse-tête. Parmi les options les plus populaires pour les entrepreneurs solo, on retrouve l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle). Ces deux formes permettent de créer une société à associé unique, tout en protégeant votre patrimoine personnel.

Mais derrière leurs points communs se cachent des différences importantes en matière de fiscalité, de protection sociale, de rémunération et de gestion. Alors, EURL ou SASU : quel statut est le plus avantageux pour vous ?

Dans cet article, découvrez les spécificités de chaque structure et comment choisir celle qui correspond le mieux à vos besoins et à votre projet.

Qu’est-ce qu’une EURL ?

L’EURL, ou Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée, est une SARL à associé unique. Elle fonctionne donc selon les mêmes règles que la SARL, mais adaptée à une seule personne. Le gérant, souvent l’associé lui-même, relève du régime des travailleurs indépendants (Sécurité sociale des indépendants). Ce statut permet de payer moins de cotisations sociales, mais offre une protection moindre que celui d’un salarié.

Qu’est-ce qu’une SASU ?

La SASU, ou Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle, est une SAS composée d’un seul associé.Le dirigeant y porte le titre de président, affilié au régime général de la Sécurité sociale en tant qu’assimilé salarié. Cela implique des cotisations plus élevées, mais aussi une meilleure couverture sociale (maladie, retraite, prévoyance…).

EURL et SASU : les points communs

Avant de comparer les différences, il est essentiel de noter que ces deux structures partagent un socle commun qui en fait des choix populaires parmi les créateurs d’entreprise.

1. Une responsabilité limitée

Dans les deux cas, votre responsabilité financière est limitée au montant de vos apports dans la société. Votre patrimoine personnel est donc protégé en cas de dettes ou de difficultés financières, sauf faute de gestion avérée.

2. Une structure professionnelle et crédible

Contrairement à la micro-entreprise, l’EURL et la SASU confèrent une personnalité morale distincte de celle de l’entrepreneur. Cela renforce votre crédibilité vis-à-vis des banques, des fournisseurs et des partenaires commerciaux.

3. Des démarches de création similaires

Les formalités sont proches : rédaction de statuts, dépôt du capital, annonce légale, immatriculation au Registre du commerce et des sociétés (RCS), et tenue d’une comptabilité complète. En pratique, la création d’une EURL ou d’une SASU se fait en ligne via le guichet unique des formalités des entreprises.

4. Une possibilité d’évolution facile

Ces deux formes sont évolutives :

• L’EURL peut devenir une SARL en accueillant un ou plusieurs associés.
• La SASU peut se transformer en SAS pour faciliter une levée de fonds ou l’entrée d’investisseurs.

EURL vs SASU : les principales différences

Si l’EURL et la SASU partagent de nombreux points communs, elles se distinguent sur des aspects clés qui influencent directement la gestion, la rémunération et la fiscalité de l’entreprise. Voici les différences à connaître avant de choisir votre statut.

Statut du dirigeant et protection sociale

• EURL : le gérant associé unique est considéré comme travailleur non salarié (TNS), affilié à la Sécurité sociale des indépendants (SSI). Ses cotisations sont moins élevées (environ 40 à 45 % de sa rémunération), mais sa protection sociale est plus limitée : couverture maladie et retraite de base correctes, mais pas d’assurance chômage et une prévoyance réduite.
• SASU : le président associé unique est assimilé salarié, donc rattaché au régime général de la Sécurité sociale. Il bénéficie d’une meilleure couverture sociale (retraite, indemnités journalières, prévoyance), mais ses cotisations sont lourdes (environ 70 à 75 % du salaire net).

💡 En résumé : la SASU coûte plus cher, mais offre une protection plus complète.

Fiscalité et imposition des bénéfices

• EURL : imposée par défaut à l’impôt sur le revenu (IR), sauf option pour l’impôt sur les sociétés (IS). L’entrepreneur paie donc l’impôt sur les bénéfices directement dans sa déclaration personnelle, ce qui peut être avantageux si les revenus restent modestes. En revanche, au-delà d’un certain seuil, l’option pour l’IS devient souvent plus pertinente.
• SASU : imposée par défaut à l’impôt sur les sociétés (IS), avec une option temporaire (5 ans max) pour l’impôt sur le revenu si l’activité le permet. Le président se verse un salaire, déductible du résultat de la société, puis éventuellement des dividendes.

💡 En résumé : l’EURL est plus flexible sur le plan fiscal, tandis que la SASU convient mieux aux projets générant des bénéfices plus importants.

Dividendes et rémunération

• EURL : les dividendes versés à l’associé unique sont soumis aux cotisations sociales dès lors qu’ils dépassent 10 % du capital social (ou du total capital + primes + compte courant).
• SASU : les dividendes ne supportent aucune cotisation sociale, seulement la flat tax de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).

💡 En résumé : la SASU est plus avantageuse pour la distribution de dividendes, l’EURL pour une rémunération régulière.

Gestion et flexibilité juridique

• EURL : son fonctionnement est strictement encadré par la loi, avec des règles de gestion précises (assemblées, rédaction du rapport de gestion, etc.). Cela garantit une certaine sécurité juridique, mais laisse peu de place à la personnalisation.
• SASU : sa souplesse statutaire permet d’adapter les règles de fonctionnement à vos besoins. Vous pouvez par exemple définir librement les modalités de décision ou de transmission des actions.

💡 En résumé : l’EURL est plus encadrée, la SASU plus souple et adaptable.

Transmission et évolution de la société

• EURL : en cas d’ouverture du capital à d’autres associés, l’EURL devient une SARL, un modèle très courant pour les PME familiales.
• SASU : se transforme naturellement en SAS, mieux adaptée aux startups, aux projets de levée de fonds et aux structures qui souhaitent accueillir des investisseurs.

💡 En résumé : si vous envisagez une croissance rapide ou des investisseurs, la SASU est plus flexible à long terme.

EURL vs SASU : exemple avec une boutique en ligne

Imaginez Léa, créatrice de bijoux artisanaux, qui souhaite lancer sa boutique en ligne sur Shopify. Elle hésite entre créer une EURL ou une SASU. Voici comment ces deux statuts changeraient son quotidien d’entrepreneure.

👩💼 Cas 1 : Léa choisit l’EURL

Léa est gérante associée unique. Elle relève du régime des travailleurs indépendants.Elle décide de se verser un revenu mensuel régulier de 1 500 €, pour se constituer un revenu stable. Ses charges sociales s’élèvent à environ 45 % de ce montant, mais elle paie moins que dans une SASU.

👉 Avantage : ses cotisations sont calculées sur sa rémunération réelle, et elle garde plus de trésorerie pour développer son stock ou financer sa publicité.👉 Inconvénient : sa couverture sociale reste limitée (indemnités journalières plus faibles, pas de chômage, retraite de base moins avantageuse).

Sur le plan fiscal, son bénéfice est imposé à l’impôt sur le revenu, ce qui reste intéressant tant que ses ventes restent modestes. Elle peut opter plus tard pour l’impôt sur les sociétés si son activité décolle.

En pratique : l’EURL lui permet de commencer avec des coûts maîtrisés, de tester son modèle, puis d’évoluer ensuite.

🏦 Cas 2 : Léa choisit la SASU

Dans cette version, Léa devient présidente de sa société, affiliée au régime général.Elle se verse un salaire plus faible (1 200 € nets), mais ses cotisations sociales sont bien plus élevées : près de 75 % du salaire net. En revanche, elle bénéficie d’une meilleure protection : couverture maladie complète, retraite plus avantageuse et droit à la prévoyance.

Surtout, Léa ne se rémunère pas uniquement par le salaire : à la fin de l’année, elle se verse des dividendes, taxés à 30 % (flat tax), sans cotisations sociales.

👉 Avantage : si sa boutique dégage un bon bénéfice, elle peut optimiser sa rémunération grâce aux dividendes.👉 Inconvénient : les charges sociales sur le salaire restent plus élevées et le coût global de gestion de la société est supérieur à celui d’une EURL.

En pratique : la SASU est plus adaptée à une activité déjà rentable ou à un projet de croissance (recrutement, partenariat, levée de fonds…).

Alors, quel statut doit choisir Léa ?

Dans les deux cas, Léa peut tout à fait vivre de son activité.La différence principale se joue dans la manière de se rémunérer :

• En EURL, les revenus proviennent surtout du salaire, simple et prévisible, mais plus taxé sur la durée.
• En SASU, la rémunération se décompose entre salaire et dividendes, plus optimisée fiscalement à condition d’avoir des bénéfices suffisants.

Autrement dit, la SASU offre plus de leviers d’optimisation, mais demande une gestion plus fine.

Comparatif EURL vs SASU : tableau récapitulatif

Pour vous aider à visualiser les différences, voici un comparatif synthétique entre les deux statuts.

Quel statut choisir entre EURL et SASU ?

Vous l’aurez compris : il n’existe pas de “meilleur” statut universel. Le choix entre EURL et SASU dépend avant tout de votre situation personnelle, de vos objectifs financiers et de la trajectoire que vous imaginez pour votre entreprise.

Voici quelques repères simples pour vous aider à faire le bon choix.

Choisir l’EURL si…

• Vous démarrez seul avec un projet à petite ou moyenne échelle (artisanat, e-commerce, prestation de services).
• Vous préférez maîtriser vos charges sociales et garder plus de trésorerie pour réinvestir.
• Vous ne comptez pas vous verser de gros dividendes, mais plutôt un revenu mensuel régulier.
• Vous recherchez un cadre juridique clair et encadré, sans trop de flexibilité à gérer.
• Vous envisagez d’évoluer plus tard vers une SARL en intégrant d’autres associés.

➡️L’EURL reste souvent le meilleur choix pour tester un concept ou consolider une activité solo avant de passer à l’étape supérieure.

Choisir la SASU si…

• Vous prévoyez une croissance rapide ou l’entrée d’investisseurs à moyen terme.
• Vous souhaitez bénéficier d’une protection sociale complète, proche de celle d’un salarié.
• Vous souhaitez optimiser votre rémunération en combinant salaire et dividendes.
• Vous voulez un cadre plus souple pour organiser la gouvernance de votre société.
• Vous pensez à embaucher, lever des fonds ou vous associer à court terme.

➡️ La SASU est le choix de la flexibilité et de la croissance : plus coûteuse au démarrage, mais plus stratégique sur le long terme.

EURL ou SASU : un choix qui dépend de vos priorités

Mise en action : faites le point sur vos priorités à court et moyen terme (revenus, protection, croissance). Votre choix de statut découlera naturellement de vos réponses.

EURL ou SASU, tout dépend de votre profil

Choisir entre EURL et SASU, c’est avant tout choisir un équilibre entre simplicité et flexibilité.

• L’EURL séduit par sa gestion encadrée, ses charges sociales plus légères et sa stabilité : c’est souvent le meilleur point de départ pour les indépendants, artisans ou e-commerçants qui veulent tester leur activité sans prendre trop de risques.
• La SASU, plus souple et modulable, convient davantage aux projets ambitieux : croissance rapide, entrée d’investisseurs, ou rémunération optimisée via dividendes.

L’essentiel est de garder à l’esprit que votre choix n’est pas définitif : une société peut évoluer, se transformer et s’adapter à votre trajectoire d’entrepreneur.

Avant de trancher, demandez à votre expert-comptable de simuler le revenu net, les cotisations et la fiscalité pour chaque statut : c’est la meilleure manière d’identifier celui qui soutiendra votre projet à long terme.