Transformer une idée en entreprise demande bien plus qu'un simple concept brillant. Que vous lanciez une micro-entreprise en freelance ou la prochaine licorne de la French Tech, vous aurez besoin de financement pour concrétiser votre projet.
Heureusement, les options ne manquent pas pour financer une création d'entreprise en France. Voici comment sécuriser les fonds nécessaires au lancement de votre activité, des prêts bancaires aux Business Angels, en passant par les aides de Bpifrance.
9 solutions de financement de création d'entreprise
- Prêt bancaire ou crédit professionnel
- Prêt garanti par Bpifrance
- Aides publiques et subventions
- Apport personnel et épargne
- Love money (proches et famille)
- Prêt sur l'honneur
- Compte épargne-temps et épargne salariale
- Crowdfunding (financement participatif)
- Business Angels et fonds d'investissement
Pour concrétiser votre projet entrepreneurial, plusieurs options de financement s'offrent à vous :
1. Prêt bancaire ou crédit professionnel
La plupart des banques traditionnelles, banques en ligne et établissements de crédit proposent des prêts professionnels pour vous aider à lancer ou développer votre entreprise. Vous pouvez recevoir les fonds sous forme de capital en une fois ou d'une ligne de crédit renouvelable que vous utilisez selon vos besoins. L'avantage principal : la flexibilité. Ces fonds peuvent couvrir pratiquement toutes vos dépenses professionnelles.
Décrocher un prêt professionnel ou une ligne de crédit peut s'avérer compliqué si vous exercez depuis moins d'un an, surtout si votre entreprise n'est pas encore opérationnelle. Les banques examinent généralement votre chiffre d'affaires prévisionnel, votre situation bancaire et vos éventuels incidents de paiement, et épluchent votre business plan et vos prévisionnels financiers. Vous devrez peut-être chercher des établissements disposés à travailler avec des entreprises nouvellement créées.
Pour tout prêt destiné à une nouvelle entreprise, vous devrez quasi-systématiquement vous porter caution solidaire, ce qui signifie que vous êtes personnellement responsable des remboursements si votre entreprise ne peut pas honorer ses engagements. La banque peut également exiger un nantissement sur le fonds de commerce ou d'autres garanties réelles.
2. Prêt garanti par Bpifrance
Les prêts garantis par Bpifrance sont accordés par les banques et établissements de crédit, mais comme ils bénéficient d'une garantie de la Banque publique d'investissement, les nouvelles entreprises ont plus de chances d'y accéder. Ces prêts offrent des conditions avantageuses : apports limités, taux d'intérêt attractifs et, dans certains cas, peu ou pas de garanties exigées.
Vous devrez cependant fournir une caution personnelle, et le processus d'approbation peut prendre du temps. Voici un aperçu des principaux types de financements Bpifrance :
- Prêts à la création d'entreprise Les prêts Bpifrance pour la création peuvent atteindre 50 000 € et financent les investissements corporels et incorporels, le besoin en fonds de roulement et les frais de démarrage.
- Contrat de développement transmission Pour les reprises d'entreprise, ce prêt de 40 000 € à 1,5 million d'€ finance l'achat du fonds de commerce, des titres sociaux, le renforcement du BFR et les frais d'acquisition.
- Garantie Création Ce dispositif facilite l'accès au crédit bancaire en couvrant jusqu'à 60 % du montant du prêt accordé par votre banque, avec un plafond de 200 000 €.
Pour trouver un partenaire qui propose des financements Bpifrance, vous pouvez consulter le site bpifrance.fr ou contacter votre conseiller bancaire.
3. Aides publiques et subventions
Les subventions publiques constituent une forme de financement particulièrement attractive puisqu'elles ne nécessitent aucun remboursement. Beaucoup ciblent les entrepreneurs issus de milieux défavorisés, les femmes, les jeunes créateurs et les porteurs de projet dans des zones prioritaires. La concurrence peut être rude si vous débutez, mais certains dispositifs méritent vraiment qu'on s'y intéresse.
- L'ACRE (Aide à la Création ou Reprise d'Entreprise) Cette aide vous permet de bénéficier d'une exonération partielle de cotisations sociales pendant la première année. Accessible aux demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA, jeunes de moins de 26 ans et personnes en situation de handicap. La demande doit être déposée dans les 45 jours suivant la création auprès de l'URSSAF.
- L'ARCE (Aide à la Reprise ou Création d'Entreprise) Si vous êtes demandeur d'emploi, France Travail peut vous verser 60 % de vos allocations chômage restantes sous forme de capital, en deux versements espacés de 6 mois.
- Aides régionales et locales Chaque région propose ses propres dispositifs : subventions, prêts à taux zéro, exonérations fiscales dans certaines zones (ZFU, ZRR, QPV). Renseignez-vous auprès de votre conseil régional, CCI ou CMA.
Vous trouverez une base de données complète des aides publiques sur les-aides.fr, tandis que votre région ou votre département peut proposer des informations localisées. Consultez également votre Centre de Formalités des Entreprises (CFE) ou votre antenne France Travail locale.
4. Apport personnel et épargne
L'épargne personnelle constitue souvent la première source de financement pour les créateurs d'entreprise. Selon Bpifrance, "le premier pourvoyeur de fonds, c'est vous ! Aucun financeur ou investisseur n'acceptera de soutenir votre projet de création ou de reprise d'entreprise si vous ne vous impliquez pas financièrement."
Un entrepreneur disposant d'une épargne conséquente peut puiser dans son compte pour financer son entreprise sans s'endetter ni payer d'intérêts. Les créateurs qui optent pour cette stratégie conservent généralement une épargne de précaution. La règle courante : mettre de côté l'équivalent de trois à six mois de dépenses dans un fonds d'urgence.
5. Love money (proches et famille)
Lever des fonds auprès de vos proches peut être une solution si votre entreprise est trop jeune pour accéder à d'autres financements. Pas de vérification de crédit ni de dossier complexe, et les conditions sont généralement souples. Attention toutefois : le prêt peut fragiliser vos relations si vous ne clarifiez pas l'accord dès le départ ou si vous ne remboursez pas.
Les entrepreneurs qui suivent cette voie partagent généralement leur business plan et discutent des attentes en amont. Cela garantit que tout le monde comprend bien s'il s'agit d'un don ou d'un prêt, quel est le taux d'intérêt appliqué et quelles sont les autres modalités. Quand toutes les parties couchent ces détails par écrit et signent un accord, les risques de malentendus et de conflits diminuent considérablement.
Point juridique : Pour les prêts supérieurs à 5 000 €, vous devez les déclarer à votre Service des Impôts des Entreprises (SIE) via le formulaire n°2062. Les dons familiaux bénéficient d'un abattement de 31 865 € tous les 15 ans (sous conditions).
6. Prêt sur l'honneur
Le prêt d'honneur création-reprise renforce votre apport personnel sans intérêts ni garanties. Vous vous engagez sur l'honneur à rembourser. Les montants varient de 1 000 € à 90 000 € selon les réseaux (Initiative France, Réseau Entreprendre, Adie), avec un remboursement étalé sur 1 à 7 ans.
L'obtention d'un prêt d'honneur crédibilise votre projet auprès des banques et facilite l'accès au crédit bancaire. Ce prêt vous est accordé personnellement, pas à l'entreprise. L'effet de levier est généralement de 1 pour 8 : 1 € de prêt d'honneur déclenche 8 € de prêt bancaire.
7. Compte épargne-temps et épargne salariale
Il existe deux façons principales de puiser dans vos dispositifs d'épargne salariale pour financer votre création d'entreprise :
- Déblocage anticipé de l'épargne salariale Vous pouvez débloquer par anticipation votre Plan d'Épargne Entreprise (PEE) ou votre Plan d'Épargne Retraite Collectif (PERCO/PER) en cas de création ou reprise d'entreprise. Cette option évite pénalités et fiscalité avantageuse dans certains cas.
- Compte Épargne-Temps (CET) Si votre ancien employeur le proposait, vous pouvez monétiser vos jours de congés épargnés pour financer votre projet. Les sommes sont soumises aux cotisations sociales et à l'impôt sur le revenu.
8. Crowdfunding (financement participatif)
Le crowdfunding consiste à lever des fonds auprès de nombreux contributeurs via des plateformes comme Ulule ou KissKissBankBank. Vous créez un profil sur une plateforme de financement participatif, racontez votre histoire et indiquez le montant dont vous avez besoin. Votre communauté peut ensuite faire des dons via la plateforme.
Dans certains cas, vous pouvez offrir une contrepartie aux donateurs, comme un échantillon de produit ou une carte de remerciement. Dans d'autres, vous donnez aux contributeurs une participation dans votre entreprise, leur permettant de partager votre succès. C'est le crowdfunding en equity.
Le financement participatif se décline en trois formes principales :
- Don avec contrepartie : les contributeurs reçoivent un produit, un service ou une reconnaissance symbolique
- Prêt (crowdlending) : les contributeurs vous prêtent de l'argent que vous remboursez avec ou sans intérêts
- Equity crowdfunding : les contributeurs deviennent actionnaires de votre société
9. Business Angels et fonds d'investissement
- Business Angels Les Business Angels sont des entrepreneurs ou cadres expérimentés qui investissent leur propre argent dans des startups prometteuses. Quand ils se regroupent pour financer un projet à fort potentiel, l'apport moyen varie de 300 000 € à 500 000 €. Au-delà du capital, ils apportent leur réseau, leur expérience et leurs conseils stratégiques.
En contrepartie, ils reçoivent une participation au capital de votre société et s'impliquent activement dans la gouvernance. Des plateformes comme Sowefund ou France Angels aident à connecter entrepreneurs et investisseurs.
- Fonds d'investissement (Capital-risque) Les fonds de capital-risque investissent dans des entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Leur objectif : réaliser une plus-value significative lors de la revente de leurs parts après 3 à 7 ans. Les montants investis varient de quelques dizaines de milliers à plusieurs millions d'euros, selon vos besoins et le potentiel perçu de retour sur investissement.
Cette solution convient particulièrement aux projets technologiques ou innovants capables de scaler rapidement. Vous perdez cependant une partie du contrôle de votre entreprise et diluez votre participation au capital.
Comment financer sa création d'entreprise : les points clés à retenir
Évaluez précisément vos besoins
Les créateurs sous-estiment souvent leurs besoins pour limiter l'endettement. Ne tombez pas dans ce piège ! Une bonne évaluation de vos besoins financiers :
- Sécurise le démarrage en anticipant les décalages de trésorerie
- Crédibilise votre dossier auprès des financeurs
- Facilite l'obtention de financements
Pensez à tout : investissements de départ, stocks à constituer, dépôts de garantie, besoin en fonds de roulement (BFR), frais de fonctionnement des premiers mois (loyer, assurances, marketing, fournitures, salaires, charges sociales...).
Respectez l'équilibre fonds propres / emprunt
En règle générale, les fonds propres doivent représenter environ 30 % des besoins financiers pour obtenir un prêt bancaire. Vos fonds propres comprennent : votre épargne personnelle, l'ARCE, les prêts d'honneur, les apports de vos associés.
Sans fonds propres suffisants, il devient très difficile d'obtenir un emprunt bancaire. Les banques considèrent qu'un entrepreneur qui investit personnellement dans son projet est plus crédible et motivé.
Combinez plusieurs sources de financement
Les banques cherchent de plus en plus à partager le risque des financements de création d'entreprise. Il est donc recommandé de diversifier vos sources : combinez apport personnel, prêt d'honneur, aide publique et crédit bancaire. Cette approche rassure les financeurs et optimise votre plan de financement.
Préparez un dossier solide
Un projet bien préparé, cohérent et porté par des créateurs motivés a toutes les chances d'obtenir un financement. Présentez aux financeurs un dossier complet, précis, clair et soigné. Votre business plan doit inclure :
- Une présentation détaillée de votre projet et de votre marché
- Vos prévisions financières sur 3 ans minimum
- Votre plan de financement équilibré
- Votre expérience et vos compétences
Entraînez-vous à pitcher votre projet en quelques minutes. Faites-vous accompagner par un conseiller de votre CCI, CMA ou d'un réseau d'accompagnement.
Renseignez-vous sur les garanties
Les banques ne prêtent généralement pas sans garanties. Heureusement, des organismes comme Bpifrance ou France Active proposent des contre-garanties qui facilitent l'obtention de crédits en couvrant une partie du risque pour la banque. Renseignez-vous en amont sur ces dispositifs pour faciliter vos démarches.
FAQ sur le financement de création d'entreprise
Peut-on emprunter pour créer son entreprise ?
Oui, il est tout à fait possible d'emprunter pour créer une entreprise. Certains entrepreneurs contractent des prêts professionnels classiques auprès d'une banque ou d'un établissement de crédit, tandis que d'autres obtiennent un prêt garanti par Bpifrance. Certains établissements autorisent également l'utilisation d'un prêt personnel à des fins professionnelles.
Quel montant minimum faut-il pour créer son entreprise ?
Les coûts de démarrage varient selon le type d'activité et le modèle économique, mais les études montrent qu'une entreprise dépense en moyenne 40 000 € la première année. Pour la plupart des activités, le poste le plus important concerne la création du produit ou du service. Les autres dépenses incluent le développement et l'hébergement d'un site web, le recrutement, l'achat d'équipements, le marketing et la logistique.
Peut-on obtenir un prêt bancaire pour créer son entreprise ?
De nombreuses banques et établissements de crédit prêtent aux entrepreneurs, mais c'est plus compliqué pour les startups. Les nouvelles entreprises sont considérées comme non éprouvées et n'ont pas eu le temps de construire leur historique de crédit professionnel. C'est pourquoi les prêts d'honneur et les garanties Bpifrance sont si utiles : ils rassurent les banques.
Les Business Angels investissent-ils dans les entreprises en phase de démarrage ?
Oui. Les Business Angels peuvent investir à n'importe quel stade du cycle de vie d'une entreprise, mais ils se concentrent souvent sur les phases d'amorçage et les premiers tours de table. Ils recherchent des projets innovants avec un fort potentiel de croissance et privilégient généralement les secteurs technologiques, digitaux ou à impact.
Quelles sont les principales erreurs à éviter ?
Les erreurs courantes incluent : sous-estimer ses besoins de trésorerie, ne pas diversifier ses sources de financement, négliger son apport personnel, présenter un business plan incomplet ou irréaliste, et ne pas se faire accompagner. Prenez le temps de bien préparer votre dossier et de vous entourer des bons conseils.
Combien de temps faut-il pour obtenir un financement ?
Les délais varient selon le type de financement : comptez 2 à 4 semaines pour un prêt d'honneur, 1 à 3 mois pour un prêt bancaire classique, jusqu'à 6 mois pour un financement Bpifrance complexe. Les aides publiques comme l'ACRE ou l'ARCE sont généralement plus rapides (quelques semaines). Anticipez ces délais dans votre calendrier de lancement.





